Chez Chanel, un podium en lattes de bois traverse un décor apocalyptique : des amas de pierres calcinées d’où s’échappe une fumée blanche, sont entourés de murs représentant une forêt sombre et inquiétante. Au bout du catwalk, un imposant carré lumineux siglé Chanel semble flotter, énigmatique, comme le monolithe de 2001 : L’odyssée de l’espace. Puis il s’ouvre par le haut, comme la porte d’un vaisseau spatial, et les contours de silhouettes sombres se dessinent en contre jour, auréolé d’une fumée blanche. Freja ouvre le bal et traverse le cadre, en total look noir avec un costume d'homme oversized porté avec une mini veste en tweed. Puis suivent des déclinaisons de couleurs « smokey », du blanc immaculé au noir d’encre. Les deux seules couleurs du défilé sont le rouge sang et le vert pâle, rappelant les couleurs des quatre Cavaliers de l’Apocalyspe : blanc (le divin), noir (la fourberie), rouge (la guerre) et le vert pâle (la mort). Les matières sont mouchetées, comme la cendre d’une cigarette, ou fondues comme une brume d’hiver. Le vestiaire masculin est revisité, avec des pantalons à pince larges retroussés à la cheville ou rentrés dans d’épaisses chaussettes portées avec des bottines. La veste de tailleur en tweed est portée cette saison par-dessus des costumes pantalons oversized, ou bien avec une jupe assortie, sur un slim en denim noir usé. On retrouve l’effet tweed sur des robes longues en maille faites de laines de matières différentes, qui donnent du relief au vêtement. Des robes de cocktail courtes aux coupes graphiques se parent d’imprimés de feuilles mortes en ombres chinoises, rappelant le décor de forêt du défilé. Des combi-pantalons en tweed gris ou en cuir matelassé comme le sac 2.55 de Chanel, se parent de larges poches et d’un zip sur le devant, comme une combinaison de cosmonaute. Comme à son dernier défilé haute couture printemps-été 2011, Karl Lagerfeld joue l’effet de contraste entre des matières sophistiquées et chic et d’autres plus usées et casual. Des robes à manches ballon et col relevé, parés de broches et de cabochons, tout droit sortie du seizième siècle, se portent avec des jeans anthracite usés et des bottines poussiéreuses. Tendance à suivre : le jean slim noir porté sous la jupe, comme un collant.